La Peinture moderne depuis les Impressionnistes

Depuis les années soixante-dix, Pierre Bancharel a tenu un journal pour consigner jour après jour ses réflexions sur son travail. Un journal consacré à sa peinture, mais pas seulement. Il y parle de sa vision, de son évolution, et aussi des peintres qu’il aime. Rembrandt, Soutine, Bonnard, Chardin, et, le plus grand, Courbet sont constamment nommés. Il note ses « recettes », il s’interroge sur la modernité, il compare la peinture et la musique. En voici quelques extraits qui peuvent éclairer son œuvre.

9 janvier 2012

Malgré Cézanne, Bonnard et Soutine, la peinture du XXe siècle n’aura été qu’une affreuse décadence due à l’académisme avant-gardiste qui règne depuis la mort de Courbet (et de Manet). Cet avant-gardisme est né du dilettantisme des peintres de la fin du XIXe siècle, les meilleurs, comme Cézanne et Bonnard, ne sachant pas leur métier et ayant compensé leur manque par des « recherches » et des « théories ». Même chose pour Soutine. Seul, Gruber, et aujourd’hui Robert Guinan, se sont réorientés vers un artisanat savant plus ou moins hérité des grands anciens. J’allais oublier Balthus qui, hélas, a sombré à son tour et trop souvent dans l’imitation de la fresque. La littérature et la musique ont conservé leur savoir de tant de siècles, quoiqu’une certaine musique se soit mise à piétiner depuis l’exploitation répétitive de l’atonalisme ou dodécaphonisme, après Schönberg et Berg. Même l’architecture, malgré les matériaux utilisés, fragiles et trop malléables, tels que le béton et le métal, voués au vieillissement rapide et à la laideur de la nudité, est obligée de se plier à des règles du métier. La peinture et la sculpture, arts sans véritable utilité depuis l’invention de la photographie, sont les plus décadents, pratiqués par n’importe quel amateur à la recherche de moyens d’expression facile.

Auto-portrait Francis Gruber

Francis Gruber, auto-portrait, Public domain, via Wikimedia Commons