Le sujet réaliste, seule source de renouvellement

Depuis les années soixante-dix, Pierre Bancharel a tenu un journal pour consigner jour après jour ses réflexions sur son travail. Un journal consacré à sa peinture, mais pas seulement. Il y parle de sa vision, de son évolution, et aussi des peintres qu’il aime. Rembrandt, Soutine, Bonnard, Chardin, et, le plus grand, Courbet sont constamment nommés. Il note ses « recettes », il s’interroge sur la modernité, il compare la peinture et la musique. En voici quelques extraits qui peuvent éclairer son œuvre

Peindre de manière « ancienne », traditionnelle, des sujets nouveaux, voilà la solution, celle qu’a choisie Balthus. Depuis Courbet, et à la rigueur Manet, on avait perdu le fil. Bonnard et Soutine sont restés liés à la révolution formelle qui a débuté avec l’impressionnisme et qui s’est achevée dans le non-figuratif. L’évolution la plus importante est celle des apparences de chaque époque. Courbet a adopté le réalisme qui avait été abandonné depuis Chardin. Le réalisme, princier, bourgeois, paysan, est toujours nouveau, car chaque époque a le sien. En peinture, il suffit d’en trouver la solution plastique, c’est-à-dire formelle.

J’ai découvert le nouveau réalisme en adoptant l’architecture de l’automobile comme décor extérieur et intérieur, et les personnages qui s’y rattachent (vêtements, attitudes, physionomies), enfin tout un monde qu’on a chaque jour sous les yeux et qui est absolument nouveau. L’automobile a tout envahi, elle fait partie de notre époque.